Comment mixer sa musique ?

Voici un bon guide pour apprendre à mixer. Enfin !

Qu'est-ce que le mixage audio ?

Le mixage audio est un processus technique dans lequel plusieurs pistes enregistrées sont regroupées. Différents procédés sont utilisés lors du mixage, comme l’EQ, la compression et la réverbération.

Le mixage consiste à faire ressortir le meilleur d’un enregistrement multipiste en ajustant les niveaux au moyen des réglages, de la fonction panoramique et des effets basés sur le temps (le refrain, la réverbération, l’effet delay). En sculptant votre arrangement, vous donnerez un sens à vos pistes.

Comme son nom l'indique, l'enregistrement multipiste (aussi appelé le “stem-mixing”) contient plusieurs pistes. Ceci dit, il n’y a pas un nombre précis de pistes à avoir. Le mixage correspond au résultat final de l’enregistrement multipiste. C’est l'étape qui précède le mastering.

Que vous enregistriez vos pistes avec des micros, des préamplis, ou des échantillons préenregistrés, il est très important d'apprendre à mixer soi-même. Cela vous permettra de contrôler votre vision artistique et créative, et d'amener votre musique à un niveau supérieur, bref, cela fera de vous un meilleur producteur.
Commencez par ces conseils de base. Ils vous permettront de vous rendre assez loin. Vous pourrez, au besoin, faire appel à des ressources plus spécifiques par la suite.

Allez, on s’y met !

Le mixage vous permet de contrôler votre vision artistique et créative, et d'amener votre musique à un niveau supérieur.

Le choix du logiciel de mixage

Il existe des tonnes de stations audionumériques (Digital Audio Workstations ou DAW). À vous de choisir celle qui vous convient le plus. Pour commencer à mixer, les meilleures sont certainement :

  • Cakewalk SONAR
  • Adobe Audition
  • Logic
  • Cubase
  • Pro Tools
  • Bitwig
  • Ableton Live
  • FL Studio 11
  • Reaper
  • Studio One 3

Apprenez à connaître votre logiciel DAW. Les pros du mix sont fidèles à leur DAW et le connaissent de A à Z. N'abandonnez pas. Faites preuve de patience et de loyauté, afin d'en tirer tous les bénéfices.

Nous allons utiliser Pro Tools à titre d'exemple, mais les principes sont les mêmes, peu importe comment vous mixez.

Installation de votre session de mixage audio

La plupart des DAW fournissent des gabarits pratiques, qui peuvent vous aider à commencer.

Par exemple, Pro Tools propose le modèle "Rock" qui définit votre session avec des pistes pour :

Batterie / Basse / Orgue / Guitare / 4 pistes vierges prêtes pour l'enregistrement / Piste rythmique / Mix pré-configuré pour Casque / Return pour le reverb / Return pour le Delay/ Chorus Return / Solo de guitare à 3:42

C’est un template de base, mais il en existe plusieurs autres. Si aucun des modèles ne vous convient, vous pouvez toujours en créer un. C'est une bonne façon de définir son propre style. Allez, allumez votre ordinateur et essayez de créer votre propre mix, sans vous baser sur un modèle préfabriqué.

Nommer vos pistes intelligemment

Chose certaine, d’ici trois mois, vous serez incapable de retrouver votre troisième "shaker" si vous l’avez nommé "Piste Audio 48". Si vous enregistrez un solo de guitare, appelez-le simplement "solo de guitare". Ça vous évitera une grosse perte de temps en studio.

Définissez un code de couleur par groupe de pistes

Attribuez un code de couleur à vos pistes. Par exemple, vous pourriez décider que toutes les pistes de batterie sont jaunes, toutes les pistes vocales sont bleues, et toutes les pistes de guitare sont vertes.

Le processus du mixage audio

Quelles sont les bases du mixage audio ? Comme dans beaucoup de domaines - en particulier dans le mixage audio - chacun a sa propre opinion. Qui dit vrai ? Nous pourrions en discuter longtemps. Par contre, on peut tous s'entendre sur certains concepts de base qui sont essentiels au processus de mixage.

Travailler avec le bon mix

Que vous le croyiez ou non, vous devriez mixer avant de mixer.

Pas sûr de comprendre? Laissez-moi vous expliquer. Quelle texture sonore aimeriez-vous préconiser? Que voulez-vous créer? Un son proche et vif ? Ou lointain et réverbéré ? Donnez le plus de caractère possible à votre musique dans les phases initiales de l'enregistrement, en pensant toujours à la vue d'ensemble. Ça vous aidera à mieux choisir vos sons.

Travaillez les enregistrements originaux autant que possible sans appliquer de traitement lourd. Essayez d’avoir à l’avance une idée du résultat final. Le but est d’avoir les meilleurs sons dès le début afin d’éviter de les retravailler lorsque vous mixez.

Utiliser un bus

Visualisez un autobus scolaire jaune à l’américaine. Maintenant, imaginez qu’à la place des enfants, c’est une tonne de sons qui montent à bord.

Eh oui, l'analogie du bus peut s'appliquer au “bus” dans votre mix. Lorsque vous créez un bus, vous envoyez plusieurs sons vers une même piste. L'avantage? Plusieurs processeurs peuvent être appliqués au "bus" en même temps. C’est super pratique. Vous pouvez faire des tests de batterie sur votre bus, et traiter tous vos sons de batterie comme un son unique. Appliquez la même réverbération à votre ensemble et faites vivre vos sons dans un même espace. Vous pourriez aussi configurer un bus avec un delay ou de la compression.

Expérimentez en envoyant différents sons à vos bus. Vous obtiendrez des résultats très utiles pour le futur.

ASTUCE : Essayez d’avoir les meilleurs sons dès le début afin d’éviter de les retravailler en cours de mixage.

Équilibrer les volumes

Votre mix mérite une petite mise en plis, une mèche par-ci, un peu de volume par-là. Équilibrez les niveaux et n’ayez pas peur de couper. Laissez tomber la batterie le temps d’une mesure et augmentez la voix pour un couplet. Ça vous aidera à dynamiser votre morceau. Lâchez-vous, c'est le moment.

Équilibrez les volumes avant de vous lancer dans le traitement des effets. Ajustez-les maintenant afin d’éviter le clipping par la suite. Pensez à avoir du headroom dès le début.

Gardez votre objectif final en tête lorsque vous équilibrez vos pistes. Pensez à la façon dont vos pistes vont interagir. Cette approche donnera peu à peu forme à vos idées.

Planification des panoramiques

Mais, qu’est-ce que le panoramique ?

La fonction panoramique vous aide à contrôler la largeur de votre mix. Le panoramique permet aux sons d'être placés correctement dans votre mix/espace sonore, sans affecter leur volume. Il détermine si votre piste sera entendue à gauche ou à droite du champ stéréo. Gardez vos sons les plus lourds ou les plus faibles proches du centre, par exemple votre basse ou vos kicks. Si tout est centralisé, votre son sera plat et encombré.

Le traitement audio : la partie plus amusante

Il est temps de passer au mixage.

Votre mix peut être décomposé en trois parties : l’EQ, la compression et la réverbération. Bien que ce ne soit pas les seules composantes d’un mix, elles constituent environ 90 % du traitement, et donc la majeure partie du travail. Perfectionnez ces trois attributs, le reste se fera naturellement.

Qu'est-ce que l'EQ ?

Tous les sons sont composés de fréquences. La fréquence est mesurée en Hertz (Hz). L’égalisation (EQ) est l'art d'accentuer, d'atténuer et d'équilibrer les fréquences d’un mix afin d’obtenir le meilleur son possible.

La partie inférieure du spectre de la fréquence correspond à Barry White et la partie supérieure, à Mariah Carey.

Le spectre peut être catégorisé ainsi : les hautes, moyennes et basses fréquences. Les instruments de basse ont un son très bas et grave. On les retrouve souvent dans le bas du spectre de fréquence. La caisse claire ou le charleston ont un son plus métallique, ils se trouveront généralement dans les moyennes ou hautes fréquences. Même si ces sons peuvent être classés dans les fréquences hautes ou basses, tous les sons auront des informations importantes pouvant être à la fois dans les hautes et basses fréquences. Gardez bien cela en tête pendant que vous mixez.

L'égalisateur audio, d'une précision chirurgicale

Utilisez les filtres. Ils nettoient vos fréquences avec grande précision.

Pour l’EQ correctif, la meilleure chose à faire est de commencer par les filtres passe-haut et les filtres passe-bas. Ces derniers fixent une limite au signal que vous décidez de laisser passer, et bloquent le reste.

N’oubliez pas que chaque piste nécessite une attention particulière. Par exemple, le traitement d’égalisation d’un Tom d’une batterie sera complètement différent de celui d'un piano Rhodes. Écoutez attentivement et faites les ajustements nécessaires.

Votre pire erreur serait de ne pas expérimenter.

Sculpter votre morceau

C'est le moment de sculpter votre mix.

L'action de sculpter vs. corriger l'EQ est plutôt similaire, cependant, à cette étape de l’égalisation, vous corrigez votre fréquence en pensant aux autres pistes. L’ensemble commence à prendre du sens. Les pistes interagissent entre elles.

Ne soyez pas surpris! Vous serez peut-être appelés à enlever certaines parties d'une fréquence qui vous semblaient bonnes pour obtenir un meilleur résultat. Faites-le pour le bien de votre morceau. Toutes vos pistes seront plus soudées.

À ce stade, il se pourrait que votre piste ne sonne pas bien seule. Ne vous inquiétez pas. Dès qu’elle se retrouvera dans votre mix, elle sera parfaite, car vous l’aurez sculptée tout en ayant les autres en tête.

Votre morceau, c’est comme un roman. Chaque piste ne peut pas être le personnage principal. Il doit y avoir d'autres personnages dans l’histoire. Le sculptage organise vos personnages. Par exemple, en sculptant l’EQ, vous enlevez certaines notes inutiles pour ne pas masquer les kicks et la basse. Vous pourriez avoir deux éléments qui luttent dans la même fréquence, comme la voix et le synthé par exemple. Créez un espace propre à chacun en coupant certaines fréquences pour en augmenter d’autres.

La créativité

C’est la dernière étape, et celle qui fera le plus appel à votre imagination lors du traitement EQ. C’est le moment d'arranger votre piste de manière à ce qu’elle sonne exactement comme vous le souhaitez. Donnez-lui une personnalité. Habillez-la. Il existe des égaliseurs pour presque tout.

Faites en sorte que la voix nous donne la chair de poule, que le son de la batterie explose et que le petit solo de piano nous laisse mystifiés ! C'est le moment.

Essayez différents égaliseurs. Placez 2 ou 3 égaliseurs différents, les uns à la suite de l'autre. Certains fonctionneront bien pour une chose en particulier, d'autres, pas du tout. À vous de choisir le meilleur scénario en les enchaînant. Tous les moyens sont bons. Votre pire erreur serait de ne pas expérimenter.

Et les dynamiques ?

La dynamique sonore fait référence à l'espace entre les parties les plus fortes et les parties les plus calmes d'un son. On nomme cet espace la plage dynamique. Cette définition peut être appliquée à une chanson entière ou à un son spécifique.

Il peut y avoir une grande variation entre chaque partie. C’est le cas pour un coup fort et rapide sur une caisse claire. On obtient un son bref et soudain, la plage dynamique est donc large. À l’inverse, lorsqu'on joue une note sur un orgue, le niveau sonore reste intact du moment où l’on appuie sur la touche jusqu’au moment où elle est relâchée. La plage dynamique est donc très petite.

Les dynamiques peuvent aussi exister à même une performance ou un morceau, par exemple, si un artiste chante un de ses couplets calmement, et qu’il augmente le volume lors du refrain. Pensez à Mariah Carey, une fois de plus. L'écart entre les moments presque silencieux et les moments les plus forts peut aller jusqu’à 20dB, ce qui est considérable. Surtout lorsque vous devez l’équilibrer avec un tas d'autres éléments qui ne sont peut-être pas dynamiques du tout (pensez à l'orgue). Ces écarts de dynamiques amènent certains défis, particulièrement lorsqu'on tente de tout assembler dans un même morceau.

C'est ici que le compresseur entre en jeu.

Qu'est-ce que la compression ?

La compression audio est un processus qui vise à apprivoiser la plage dynamique. Ce travail se fait au moyen d'un compresseur, qui fixe des limites précises sur la quantité de fréquences à laisser passer. Il stimule les parties les plus calmes et adoucit les parties les plus fortes pour que l’ensemble sonore soit cohérent et équilibré.

Les compresseurs sont comme les éducateurs d’une garderie, capables de calmer les enfants les plus bruyants et d’encourager les plus timides à parler davantage. Le ratio du compresseur détermine les modifications à apporter. Plus le ratio est élevé, plus la plage dynamique sera affectée.

Mais quel est son intérêt ? La présence d'une plage dynamique n’est-elle pas une bonne chose ?

Si, mais le niveau de votre mix doit être constant. Si un élément est trop fort, il risque de se démarquer du reste, ce qui peut être dérangeant. À l’inverse, si un élément est trop faible, on ne le remarquera même pas. Trouver le bon équilibre de compression est un art qui exige une écoute attentive et un peu d'apprentissages.

Est-ce similaire aux réglages des faders dans votre DAW ? En gros, oui. C’est essentiellement le travail qu’effectue un compresseur, mais de manière automatique.

Mais attention, ne vous laissez pas emporter! Trop de compression n’est pas une bonne chose. Si vous utilisez uniquement la compression pour équilibrer votre mix, le résultat sera ennuyeux et sans intérêt.

Utilisez la compression avec les réglages de volume (gain) pour de meilleurs résultats.

Non-compressées (dynamiques)
Compressées

Qu'est-ce que la réverbération ?

La réverbération est la réflection du son, ou sa persistance dans une salle après avoir été émis. Tout son est une forme de réverbération. En mixage, VOUS la contrôlez.

Gardez toujours ces deux objectifs en tête :

L'effet de la réverbération artificielle

Tout est permis lorsque vous utilisez la réverbération comme un effet. Donnez-y votre touche personnelle. La réverbération artificielle vous permet d’effectuer tout ce dont vous n’êtes pas capable de faire dans la vraie vie.

Le contrôle de la réverbération peut être intimidant. Détendez-vous. Testez les réglages jusqu'à ce que vous trouviez quelque chose qui vous convient. Ensuite, vous pourrez les modifier autant que vous le souhaitez. À vous de choisir !

Vous rappelez-vous des bus de réverbération dont nous avons parlé préalablement ? Égalisez-les. Enlevez les sons trop hauts ou trop bas pour éviter qu'ils se noient dans votre ensemble. Ne faites pas disparaître le son de votre maraca juste parce que le bus de la réverbération est au max. Essayez de mettre l'égalisation avant la réverbération, bref égalisez ce qui va être réverbéré. Ou faites l’inverse! Tout fonctionne et les deux approches vous donneront des résultats intéressants.

La réverbération dans la vie réelle

Vous aimeriez que votre morceau résonne comme dans une église ? Facile. Utilisez la réverbération.

Créez un espace acoustique réel pour votre son grâce à la réverbération. Faites-le pour donner de la tridimensionnalité à votre mix. Vous n’avez pas à le faire pour chaque instrument individuellement. Soyez un magicien du son. Créez un mix qui donne l'impression que tous les instruments sont joués ensemble, dans une même pièce.

Cependant, sachez que la réverbération, dans ce cas ci, sera plus subtile qu'elle ne l'aurait été en mode effet. C’est le moment idéal pour utiliser le mix pro que vous avez développé depuis le début de cet article. Commencez par utiliser le réglage 'Small Room' ou 'Ambiance' sur votre reverb (ou le réglage équivalent sur le DAW que vous utilisez).

UNE ASTUCE : Portez une attention particulière à l'équilibre entre les réflexions précoces et tardives. Faites des tests pour bien comprendre leur plus-value.

La vue d’ensemble

Voyez votre projet dans sa globalité tout au long du processus de création. Ayez une idée précise de là où vous allez. Optimisez votre mix pour l’étape suivante, le mastering.

Le mix de référence : tous les mixages audio doivent les utiliser

Votre mix prend forme petit à petit, mais quelques questions demeurent. Comment être sûr que votre mix est à la hauteur ? Est-ce qu'il se compare à d'autres chansons que vous connaissez ? Est-ce que tout est bien assemblé ? Pour en être sûr, utilisez un mix de référence. Il existe plusieurs façons de procéder :

Est-ce que vous aimez les Rolling Stones ? Mettez la piste Street Fighting Man dans votre session et comparez-la à votre piste. Votre kick est-il bien dosé ? Votre guitare résonne-t-elle aussi bien que celle de Keith?

Exportez régulièrement votre piste sur LANDR durant le processus de mixage. Prenez des notes. Qu'est-ce que vous aimez? Qu'est-ce que vous aimez moins? Revisitez votre mix et effectuez les corrections requises.

Rappelez-vous ce diction : le dernier 10 % du travail effectué représente 90 % du travail réel. LANDR vous permet d'éviter un blocage créatif. En effet, la meilleure façon de savoir si une piste est prête, c'est de l'écouter masterisée.

Obtenir le bon mix en se répétant

Vous pouvez bien entendu faire des retours en arrière. N’hésitez pas à réécouter votre mix, à faire quelques ajustements et modifications. Sous peu, l’ensemble prendra forme.

Il faut voir le mix comme de la mousse. Savonnez, rincez et répétez le processus jusqu’à ce que votre mix soit impeccable.

Ne vous arrêtez pas aux règles préconçues

Maintenant que vous connaissez toutes les 'règles' du mixage, oubliez-les. Bon, peut-être pas toutes, mais ne mettez pas votre créativité de côté. Prenez des risques, le mixage ne s’apprend pas dans un manuel scolaire, du jour au lendemain. C’est un mélange de savoir-faire, d’instinct et de prise de risque, et l’une des étapes les plus créatives du processus. Toutes les méthodes sont bonnes pour créer et il ne faut pas hésiter à sortir des sentiers battus. Si vous voulez mettre un effet flanger sur votre hautbois, qu’est-ce qui vous en empêche?